La volée est une revue à parution trimestrielle capricieuse. Elle rassemble des auteurs venus de différents horizons géographiques et littéraires ainsi que des plasticiens. Au fil des numéros, autour de Teo Libardo, de 2015 à 2020, une cinquantaine d'auteurs ont présenté des textes inédits : poésie, écritures et autres rêveries.
Les manuscrits ne sont plus acceptés jusqu'à la reprise de la publication.
La volée est à présent disponible auprès de Rosa canina éditions
L'anthologie capricieuse* réunit dans un coffret les numéros 3 à 19 de La volée dans l'attente de la reprise de la publication.
* Les numéros 1 et 2 sont épuisés et ne font pas partie de l'anthologie. Toutefois, nous avons souhaité recenser les participants dans l'index des auteurs et plasticiens.
Tous droits réservés aux auteurs, 2020
ISSN 2426-5357
> les auteurs : Emma Trebitsch, Nicolas Giral, Elisa Coste, Sandrine Davin, Teo Libardo
> la plasticienne : Marlène Florette
EdiTeo&DominicellaLibardo
Ces cinq dernières années dans La volée, une cinquantaine d’auteurs et plasticiens – échos, réponses, accords, contradictions, rencontres éphémères, amitiés. Nous les remercions ici de nous avoir confié leurs créations. Quelques difficultés pécuniaires, la santé parfois défaillante, i pettegolezzi, les indifférents – nous avons tenu. Enfin, aux lecteurs, aux abonnés, aux auditeurs qui ont entendu nos lectures, mille remerciements pour les présences, les échanges, le vécu – poésie.
« Saisir une seule fois une lumineuse idée et la faire danser dans la réalité mouvante »*
Après ce numéro, nous marquerons une pause dans la publication de La volée afin de laisser pousser les éditions Rosa canina que nous venons de créer. Rosa canina éditions publie des écrits poétiques, des récits autobiographiques et accueille déjà quelques auteurs de la revue dans l’espace plus vaste et personnel du livre.
Patience, La volée danse.
* TL in Le poids de l’air, Clapàs, 2014
Tous droits réservés aux auteurs, 2020
ISSN 2426-5357
> les auteurs : Ada Mondès, Elisa Coste, Em, Anna Chaidron-Becquevort, Françoise Paran, Rosa Maria Guimarães en portugais (Brésil) traduction de Marie-Cécile Fauvin, Teo Libardo.
> la plasticienne : Mireille Pélindé Rian
EdiTeoLibardo
Simon Leys écrit, dans « La forêt en feu » :
Zhou Lianggong, un célèbre lettré (chinois) du dix-septième siècle, raconte cette fable : un vol de palombes avait pour un temps élu domicile dans une certaine forêt. Plus tard, repassant dans la région, les palombes s’aperçurent que la forêt avait prit feu. Elles s’élancèrent aussitôt vers la rivière, y trempèrent leurs ailes et revinrent secouer les gouttes d’eau de leurs plumes au- dessus de l’incendie. Comme elles s’affairaient à ce manège, Dieu leur dit : « Votre intention est certes touchante, mais je crains fort qu’elle ne serve pas à grand-chose. » « On s’en doute un peu, répliquèrent les oiseaux. Mais, que voulez-vous, nous avons jadis habité cette forêt et ça nous fend le cœur de la voir ainsi ravagée. »
Tous droits réservés aux auteurs, 2019
ISSN 2426-5357
> les auteurs : Anna Chaidron-Becquevort, Elisa Coste, Catherine Weber, Nicolas Gonzales, Joëlle Jourdan, Teo Libardo, Attila, Ada Mondès
> la plasticienne : Joëlle Jourdan
EdiTeoLibardo
Dans POTLATCH n°5 du 20 juillet 1954 on lisait :
« RÉPONSE À UNE ENQUÊTE DU GROUPE SURRÉALISTE BELGE
"Quel sens donnez-vous au mot poésie ?"
La poésie a épuisé ses derniers prestiges formels. Au-delà de l’esthétique, elle est toute dans le pouvoir des hommes sur leurs aventures. La poésie se lit sur les visages. Il est donc urgent de créer des visages nouveaux. La poésie est dans la forme des villes. Nous allons donc en construire de bouleversantes. La beauté nouvelle sera DE SITUATION, c’est à dire provisoire et vécue.
Les dernières variations artistiques ne nous intéressent que pour la puissance influentielle que l’on peut y mettre ou y découvrir. La poésie pour nous ne signifie rien d’autre que l’élaboration de conduites absolument neuves, et les moyens de s’y passionner.
INTERNATIONALE LETTRISTE
(Paru dans le numéro spécial de La Carte d’après Nature. Bruxelles, janvier 1954.) »
Tous droits réservés aux auteurs, 2019
ISSN 2426-5357
> les auteurs : Hannibaal, Anna Chaidron-Becquevort, Lara Dopff, Adeline Yzac, Attila, Bernard Long, Benoit Arcadias, Yve Bressande, Teo Libardo.
> le plasticien : Attila
Hommage à Hannibaal
CLOUS INCANDESCENTS ICI
extrait de La fosse aux papillons
Une goutte d’eau
Dans un désert d’airain
Vaut
Toute l’eau
De tous les déluges
Ton nombril
Est le premier oasis
Depuis ma mort
Tes mutismes
Disent toute la vérité
Plus légers
Qu’une plume d’aigle
En dessous
Du niveau des océans
Sur ton noir intangible
Ruissellent
Des vents absents
Des buissons ardents
A la mémoire d’airain
Une musique s’égrène
En retards renouvelés
Je veux presser l’ombre
Pour faire jaillir rouges
Des pépins de
Ce fruit de terre vive
Tous droits réservés aux auteurs, 2018 ISSN 2426-5357
> les auteurs : Elisa Coste, Adeline Yzac, Lara Dopff, Teo Libardo, Claudine Lorin Jacquin, Attila, Benoit Arcadias
> la plasticienne : Joëlle Jourdan
Elisa Coste
« AIMER A PEINE »
Elle m’a téléphoné
puis j’ai rencontré quelqu’un
J’ai regardé l’un
puis j’ai écouté l’autre
J’ai discuté avec elles
puis j’ai écouté le professeur de piano
et aussi la suite pour violoncelle
je me souvenais du blues
et de lui qui disait « la poésie se suffit à elle-même »
Quelqu’un m’a dit qu’il n’y avait rien à faire
il fallait « supporter en attendant que ça éclate de partout »
J’ai pensé à ceux qui veulent un monde sans mensonge sans argent
puis j’ai parlé du film où la femme brise les liens
connaît la mort avant de vivre un autre amour
J’ai pensé à lui, à ses ennuis que personne ne partage
puis j'ai dit au militant qu'il fallait des gens comme lui
pour que le silence soit rompu
J'ai regretté de n’être pas l’amie d’un tel
parce que j’étais trop folle
puis je me suis dit que j’irais dormir dans tes bras
si tes bras ne m’obligeaient pas à ton sexe
si ton sexe ne m’obligeait pas à mon sexe,
lequel était endormi par trop de voix et de fatigue,
de la présence de tous ceux qui me traversent
J’ai pensé à lui, à sa solitude, à sa douceur
je ne le quitterai jamais
je ne me quitterai jamais
Je me suis souvenue d’un autre lisant Apollinaire « aimer à peine...»
je me suis souvenue de ce moment très vain, très doux, pas classable du tout.
Tous droits réservés aux auteurs, 2018 ISSN 2426-5357
> les auteurs : Lara Dopff, Elisa Coste, Nicolas Giral, Françoise Paran, Adeline Yzac, Anna Chaidron Becquevort, Teo Libardo, Marthe Omé, Attila
> la plasticienne : Mireille Pélindé Rian
EdiTeoLibardo
La douleur est une gomme effaçant le bonheur de vivre. La douleur est une eau souterraine. La douleur est un vacarme incessant, elle est marécage, lande taciturne, imposture aveugle, brouillard-cadenas, nuit aigüe, elle est aide-mémoire, imposture absolue, fiente universelle, philtre inconcevable, poulpe abyssal, prison-modèle. La douleur dort sous l'aisselle des étangs, elle erre solitaire, elle égrène les cœurs le long des pleurs, elle émancipe la blancheur interdite, elle est sacrifice, elle est louve, elle est l'alpha. La douleur dort dans l'épave du songe, elle s'accroche aux remparts pourris des vallées, s'invente des symphonies en lutte majeure, incendie les vaisseaux dont nous sommes victimes, épanouit les voltigeurs autour de la mort, pulvérise les alcôves des muscles, rafraîchit les belliqueuses antiennes, chevauche l'aubépine du sang, mord les croyances crétines, balance ses carnes crevées. La douleur. La douleur jouit, éventail des paupières, elle agresse les sourcils des montagnes, elle usine l'informe affamé, châtie les pustules arrogantes, harcèle nos microbes-pensées, stigmatise les cristallines innocences, fustige les baisers en croissants, elle imbibe la peau d'absolue ivresse, elle scande des cantiques mortels, elle fusionne chair et venin des gangrènes, vomit des massacres transparents, crache la bouillonnante vengeance. La douleur émascule, fiévreuse, arrache pensées nébuleuses, déchiquette les cailloux de sa proie, s'enfle, s'agite, hurle, vagit, pue, la douleur pue, fouette, creuse des grottes dans les muscles pour en faire sa demeure. Sur la passerelle du temps le navire vire au noir. Les barques libérées sont prêtes à se répandre. (…) Douleur.
Tous droits réservés aux auteurs, 2018 ISSN 2426-5357
> les auteurs : Adeline Yzac, Anna Chaidron Becquevort, Jean Azarel, Teo Libardo, Sylvie Durbec, Mohamed Kerkache, Françoise Paran, Attila, Elisa Coste, Benoit Arcadias
EdiTeoLibardo
« Quelle affreuse histoire, celle de la beauté. Quelle férocité pour que se produise et quand se produit, quelque chose enfin, dans ce monde de bois » (V.Forrester).
Imaginons un projet-désir qui a mis plus d’une dizaine d’années à se réaliser – quel beau pied-de-nez à notre siècle de vitesse, n’est-ce pas ?
Imaginons les embûches, les embuscades qu’il a fallu éviter, celles où le projet s’est embourbé, a failli se noyer, a perdu le sud ; l’énergie déployée pour se dépêtrer de tout cela, continuer, ne pas abandonner, être à la hauteur du hasard – la force du désir est immense, non é vero ?
Imaginons la solitude nécessaire à la création et la création d’une solitude qu’il a fallu dépasser – la vie est belle...
Imaginons les jalousies silencieuses ou bavardes, le grand silence entourant ce projet, l’absence de retours, la parole non tenue, le grand je-m’en-foutisme, le chacun pour-soi – rien que du banal, isn’t it?
Imaginons les quelques sourires de connivence, les yeux qui brillent, la main tendue pas toujours prise, l’amour enfin – la naïveté consciente victorieuse.
Et toujours le désir qui se fraye un chemin parmi les illusions monnayables que cette société nomme bonheur.
Je vous laisse, il fait beau dehors.
« En nous écorchant vifs, le pouvoir met son point d’habileté à nous persuader que nous nous écorchons mutuellement » (R.Vaneigem)
Tous droits réservés aux auteurs, 2017
ISSN 2426-5357
> les auteurs : Marthe Omé, Mohamed Kerkache, Danièle Faugeras, Teo Libardo, Bernard Long, Benoit Arcadias, Elisa Coste, Attila
> la plasticienne : Caroline Garcia
EdiTeoLibardo
J’AI OUBLIÉ
Parfois j’ai oublié son nom
Oublié que j’avais chanté sur une scène avec ma guitare en décembre 1968 dans une petite ville du Valais
Oublié que l’âge ne fait rien à l’affaire Oublié que la nuit, on dort
Que le silence peut être tranchant comme un couteau
Que la parole saigne
Que ça va, ça vient
J’ai oublié quand j’ai commencé à dessiner et ce qu’était mon premier dessin
Oublié les ailes de géant
Oublié le plaisir pris à regarder son visage endormi
Oublié que j’aimais autant le goût d’une pastèque bien rouge
Qu’une saveur, une odeur, une parole pouvaient vous ouvrir les murailles du passé
Oublié que tout est joué d’avance
Que rien n’est joué d’avance
Que l’argent est toujours sale et qu’il faut bien se laver les mains, même si ce n’est pas suffisant
Qu’il faut bien que jeunesse s’enlace Qu’il faut de tout pour défaire un monde Qu’un rien suffit
Oublié si j’ai joué au docteur et avec qui Oublié à quel point une couleur pouvait être vivante
Que la beauté pouvait transformer, si ce n’est le monde, au moins une journée ou une heure
Oublié mes cigarettes chez toi
Oublié que je ne fumais plus depuis des années et que nous habitions ensemble
Tous droits réservés aux auteurs, 2017 ISSN 2426-5357
> les auteurs : Benoit Arcadias, Jean Azarel, Béatrice Brérot, Gilbert Casula, Anna Chaidron-Becquevort, Elisa Coste, DéDéTé, Teo Libardo, Bernard Long, Marthe Omé
> la plasticienne : Mireille Pélindé Rian
EdiTeoLibardo
RÉVEILS
Tout est en suspend
le sommeil me prend en héros
je flotte et fugue
le minéral m’enchante
le végétal se déploie
un chant m’éblouit m’illumine
la lumière dans la pénombre est reine
le seul pouvoir que je reconnaisse
l’entrelacs des jours dessine un portrait au point de dentelles
la nudité enfreint les règles de l’abîme
l’autre l’humain interdit
la fraternité des mots
corps à corps
la fuite toujours de couleur rouge
le baume allegro vivace
et la délicatesse désemparée
Tous droits réservés aux auteurs, 2017 ISSN 2426-5357
> les auteurs : Benoit Arcadias, Elisa Coste, Collectif ESQUIMOTS, DéDéTé, Hannibaal, Maria de Lourdes Hortas (bilingue portugais/français), Mohamed Kerkache, Teo Libardo, Roger West
> la plasticienne : Pascale Plumail
EdiTeoLibardo
Il ne s’agit pas de lâcher une quelconque proie
puisque nous ne l’avons aucunement chassée
ni de choisir l’ombre
Nous voulons autant que possible
nous débarrasser de la prédation
et des systèmes qui la cautionnent
quand ils ne l’encouragent pas
Il n’y a pas de haine heureuse
Il n’y a pas de fusil innocent
Aucun cadavre n’est exquis
Aucun mensonge sans armure
Il n’y a pas d’enfer c’est les autres
Il n’y a pas la moindre idole
Aucune bave qui soit éternelle
Aucune pensée définitive
Ni de juste commerce
Ni de vengeance joyeuse
Il y a le soleil amoureux
Et l’oubli
Tous droits réservés aux auteurs, 2017 ISSN 2426-5357
> les auteurs : Benoit Arcadias, Elisa Coste, DéDéTé, Nicolas Giral, Hannibaal (Burkina Faso, invité Printemps des poètes), Mohamed Kerkache, Teo Libardo, Marthe Omé, Roger West
> la plasticienne : Joan Beall
EdiTeoLibardo
Dix mots écrits, cent s’entrechoquent, se cachant je ne sais où –
et ce jeu de cache-cache tantôt m’exaspère,
tantôt me met en joie,
joue pianissimo,
andante ma non troppo,
con fantasia,
fortissimo,
arrabiatissimo.
M’emplit une félicité à accueillir des mots qui se donnent,
comme ceux qui se dérobent,
se déshabillent,
s’évanouissent pour mieux s’imposer tout-à-coup
ou à force de patience,
de répétitions,
de charme,
de simplicité.
L’émerveillement n’est jamais bien loin.
Là où germent les mots, l’amour veille au grain.
Tous droits réservés aux auteurs, 2016 ISSN 2426-5357
> les auteurs : Béatrice Brérot, Yve Bressande, Elisa Coste, DéDéTé, Sylvie Durbec, Danièle Faugeras, Hubert Le Boisselier, Teo Libardo, Marthe Omé et Julien Usseglio.
EdiTeoLibardo
SACRIFICE VOLONTAIRE
Vie
Vie, vie
Ça crie vie de toutes parts
Sacrifice volontaire,
sacrifice ordinaire
Sacrifice volontaire,
sacrifice ordinaire
Je suis, je suis vivant
Je suis vivant mon cœur bat
Pourquoi ?
Pourquoi vouloir mourir ?
Sacrifice volontaire,
sacrifice ordinaire
Sacrifice volontaire,
sacrifice ordinaire
Vie, vie, vie
Pourquoi vouloir mourir
un si beau jour ?
Je suis vivant
Vie, vie
Vie
Ça crie vie de toutes parts
Sacrifice volontaire,
sacrifice ordinaire
à quels dieux, à quels démons ?
Sacrifice volontaire,
sacrifice ordinaire
Alors que je suis vivant
et que ça crie vie de toute part
À qui profite
À qui profite le sacrifice ?
Ce sacrifice volontaire,
ce sacrifice ordinaire
À qui profite ce sacrifice ?
À qui ?
Tous droits réservés aux auteurs, 2016 ISSN 2426-5357
> les auteurs : Benoit Arcadias, Béatrice Brérot, Yve Bressande, Elisa Coste, DéDéTé, collectif ESQUIMOTS, Danièle Faugeras, Mohamed Kerkache, Hubert Le Boisselier, Teo Libardo, Marthe Omé
> la plasticienne : Marlène Florette
> la présentation d'un recueil : Poèmes Tamouls de l'époque Sangam (collection PO&PSY)
EdiTeoLibardo
Nous attendons
l’éclaircie de la raison
l’irruption du corps parlant
les ombres inclinées
autant que la lumière
nous attendons
la fulgurance au détour de l’ivraie
l’ineffable l’improbable
chaleur de lune
la fièvre
l’immanence amoureuse
nous attendons
qu’un tremblement survienne
que la joie nous surprenne
l’avancée du couchant
que le chaos s’organise
qu’il danse avec la brume
nous attendons de pied ferme
la dissolution de la peur
la patience des routes
le silence du feu
nous attendons
le retour doux des choses
St Eloi – 10 août 2016
Tous droits réservés aux auteurs, 2016 ISSN 2426-5357
> les auteurs : Attila, Yve Bressande, Elisa Coste, DéDéTé, collectif ESQUIMOTS, Danièle Faugeras, Mohamed Kerkache, Teo Libardo
> la plasticienne : juttamaRie
> la présentation d'un recueil de Kenneth Rexroth (collection PO&PSY)
EdiTeoLibardo
La nostalgie du futur
Non pas la nostalgie ou alors la nostalgie du futur.
Oui c’est ça, nous avons, quelques-uns, la nostalgie du futur, la nostalgie de la liberté des femmes, des hommes, nostalgie d’une recherche de vérité, d’intelligence, d’égalité,
vous savez bien, la nostalgie de l’arrêt de la torture animale, la nostalgie de la beauté, de la parole donnée, de l’art réalisé, de la poésie dans le simple déroulement quotidien des heures, la nostalgie de la fin de la faim dans le monde, de la fin de l’exploitation de l’homme par ses semblables, mais oui, souvenez-vous, cette nostalgie du futur qui nous fait, nous humains, être en symbiose avec l’animal, le végétal et même, oui, oui, le minéral, sans parler de l’invisible – l’invisible: un regard qui tient lieu de roman, de poème,
la nostalgie du futur qui sait qu’aujourd’hui
personne ne prend la vie au sérieux :
sinon on verrait des jardins étincelants dans les rues, les hommes auraient inventé depuis longtemps une manière amicale d’éradiquer la souffrance et le jeu ainsi que l’amour seraient leurs occupations préférées.
Tous droits réservés aux auteurs, 2016 ISSN 2426-5357
> les auteurs : Benoit Arcadias, Yve Bressande, Elisa Coste, Cristo, DéDéTé, Dominicella, Danièle Faugeras, Mohamed Kerkache, Teo Libardo, Nadia Mifsud
> la plasticienne : sWan
> la présentation par Danièle Faugeras et Pascale Janot d'un recueil de Malcolm de Chazal (collection PO&PSY)
EdiTeoLibardo
Prière d’intégrer
J’assiste au lever du soleil.
Les feuilles des arbres boivent la lumière bienfaitrice, celles du tilleul séculaire pavoisent et dansent avec le vent. L’olivier délaissé s’accroche à la vie. J’imagine les mirabelles
du prunier se parant de jaune. Mon chien regarde par la fenêtre se balancer le Rosa canina aux frêles branches pleureuses dont les racines avaient la réputation, dans l’Antiquité, de guérir la rage.
Je rêve que certains de mes contemporains se soignent à la racine et guérissent de la haine, du racisme, de la xénophobie, des croyances mortifères, de l’indifférence, de la cupidité, autres visages de la rage, pour enfin s’ouvrir au partage du monde, à ses richesses, à sa complexité, à une fraternité réelle. Une crainte fugace que tous les Rosa canina sur Terre n’y suffiraient pas traverse en-dehors des épines ma conscience. Maintenant les rayons du soleil m’éblouissent, mon chien vient me voir puis retourne guetter. Une question emplit l’espace: est-il si difficile de permettre à ces naufragés, à ces désespérés, à ces réfugiés de toutes sortes d’assister à un tel lever de soleil ?
Tous droits réservés aux auteurs, 2015 ISSN 2426-5357
> les auteurs : Elisa Coste, Cristo, DéDéTé, Estelle Henry, Emmanuel Hiriart, Mohamed Kerkache, Teo Libardo, Nadia Mifsud
> la plasticienne : Joëlle Jourdan
> la présentation par Danièle Faugeras et Pascale Janot d'un recueil de Ryôichi Wagô (collection PO&PSY)
EdiTeoLibardo
J'écris : La mort des mots, avec des mots.
C'est tout ce que j'arrive à écrire. Les mots passent rapides dans ma tête, je ne peux les arrêter. Pas un seul ne m'enthousiasme, ne me convient. Ils coulent dans l'oubli, ils se fracassent contre la connerie des hommes, leur suffisance, leurs croyances crasses. Les mots agonisent, se perdent dans le boucan du monde, le vacarme omniprésent, s'enlisent dans la cacophonie, le gâchis organisé, s'effacent peu à peu, disparaissent dans la lumière artificielle des projecteurs. Pauvres, riches, petits, grands, ils sont livrés à eux-mêmes et l'angoisse les saisit quand ils sont à terre, piétinés, blessés, perdant leur sens. Les mots ne chantent plus, ils crient, hurlent, gueulent, jurent et finissent par pleurer. Puis le silence arrive – cette part d'eux-mêmes – les rejoint et ensemble ils éloignent la détresse et l'effroi. Ne subsiste qu'une brume de tristesse. Il y a quelques années, j'écrivais :
Si la guerre nous apporte encore plus de chaos
c'est le chaos du monde qui nous mène à la guerre.
Tôt le matin, encore nuit, à ma chienne me regardant avec insistance, après l'avoir rassurée de je ne sais quelle angoisse par quelques caresses, je lui ai dit : que veux-tu ? Tu n'as rien d'autre à faire que rêver, va. Elle s'est recouchée près de mon fauteuil. Quand me racontera-t-elle ses rêves ?
Tous droits réservés aux auteurs, 2015 ISSN 2426-5357
> les auteurs : Benoit Arcadias, Antoine Cassar, Cristo, Elisa Coste, DéDéTé, Estelle Henry, Mohamed Kerkache, Teo Libardo
> le plasticien : Georges Brillon
> la présentation par Danièle Faugeras et Pascale Janot du recueil rassemblant l'oeuvre complète de Paolo Universo (collection PO&PSY)
EdiTeoLibardo
Ce n'est pas notre mer cette Mare
Nostrum
cette frontière liquide on vous la laisse cette limite de votre bienveillance
de votre humanité
de vos idéaux mensongers
cette mer avec ces corps d'algues
avec ces espoirs fracassés
la peur d'une escale indéfinie
nouant ventres et mains
et notre impuissance
et votre vergogne
Nous n'en voulons
pas de votre mer
de cette Mare Vestrum
faux-semblants
doctes promesses
votre faillite à la mesure de la mort
toute-puissante
qui vous dirige
vous asservit
Elle vous a déjà anéantis
vous n'existez plus
Votre mer est notre désespoir englouti
Basta !
Plus de paroles.
Tous droits réservés aux auteurs, 2015 ISSN 2426-5357
> les auteurs : Benoit Arcadias, Mélanie Cinabre, Collectif ESQUIMOTS, Elisa Coste, DéDéTé, Teo Libardo
> le plasticien : Attila
EdiTeoLibardo
Si « l'écriture est à elle-même sa propre récompense » (Christian Bobin), la lecture devant nos semblables est une création qui contient des prémisses de rencontres, où enfin quelque chose peut advenir. S'éloigne alors le couperet de notre discontinuité, de notre bannissement, tandis qu'en nous s'immiscent des sensations, un sentiment bien au-delà de la récompense.
Encore C. Bobin (La Dame Blanche) : « (...) soit on adore le monde (l'argent, la gloire, le bruit), soit on adore la vie (la pensée errante, la sauvagerie des âmes, la bravoure des rouges-gorges). Juste une question de goût. »
Rien n'est plus vrai et c'est magnifiquement dit. À ceci près qu'il reste une multitude d'illuminations et de contrées non seulement à adorer mais bien à créer. Noël sur terre ne se fera pas sans nous. N'attendons rien, agissons : soyons poètes.
Tous droits réservés aux auteurs, 2015 ISSN 2426-5357
> les auteurs : Anne-Marie Lecri et Mélanie Cinabre, Elisa Coste, DéDéTé, Dominicella, Teo Libardo, Christophe Liron.
> les plasticiens : Attila, Marlène Florette, Orianne Hidalgo-Laurier
EdiTeoLibardo
« L''insurrection poétique » radicale serait de ne pas participer aux évènements organisés par ceux-là mêmes qui diffusent des actions mortifères et qui empêchent l'être humain de se réaliser réellement. Comme l'avait écrit Rimbaud : « Voici le temps des Assassins » . Et avec eux, le temps des fossoyeurs.
Nous trouverons la poésie dans ses demeures habituelles, simples masures et/ou palais flottants, amitiés, amours, attractions passionnées, et peut-être, dans le long écoulement indécis du temps. Nous espérons la découvrir aussi à La volée.
Un poète ne se venge pas et n'appelle pas à la vengeance. Il faut éradiquer le sentiment de vengeance de la tête et des entrailles des hommes. C'est la vengeance, entre autres, qui a armé les assassins du 7 janvier.
Tous droits réservés © Teo Libardo - 2025.